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Cuisine et Couleurs
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27 février 2011

Gâteau-Tartines : Gastronomie en littérature, Charles Baudelaire " Le gâteau, tiré du spleen de Paris "

 

 Même s'il me faut plomber l’atmosphère sur FdV, je tiens à terminer le thème du mois par ce poème, écrit au XIX ème siècle.
Il est encore à ce jour, d’une actualité criante : dans de nombreux pays (et à nos portes) nous voyons les émeutes de la faim jeter des milliers de gens dans les rues, le prix du pain y est prohibitif. Ailleurs, la distribution des vivres par les humanitaires génère comme au temps de Baudelaire, des bagarres autour d’un sac de riz : la pauvreté, le dénuement, les détresses sont immenses.
Rien n’a vraiment changé …..

 

Charles Baudelaire (1821-1867)
" Le spleen de Paris : Le gâteau "

 

Le poète, en voyage dans les îles de l’océan indien, s’émeut de la grandeur et de la noblesse des paysages, il laisse envahir par une spiritualité et un sentiment de paix profonde.
S’arrêtant pour manger, il sort de sa poche un gros morceau de pain, quand un jeune garçon l’approche …..

 

Extrait
Je découpais tranquillement mon pain, quand un bruit très léger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit être déguenillé, noir, ébouriffé, dont les yeux creux farouches et comme suppliants, dévoraient le morceau de pain ? Et je l’entendis soupirer, d’une voix basse et rauque : gâteau ! Je ne pus m’empêcher de rire en entendant l’appellation dont il voulait honorer mon pain presque blanc, et j’en coupai une belle tranche que je lui offris. Lentement il se rapprocha, ne quittant pas des yeux l’objet de sa convoitise ; puis happant le morceau avec sa main, se recula vivement, comme s’il eût craint que mon offre ne fût pas sincère ou que je m’en repentisse déjà.


Mais au même instant il fut culbuté par un autre petit sauvage, sorti je ne sais d’où, et si parfaitement semblable au premier qu’on aurait pu le prendre pour son frère jumeau. Ensemble ils roulèrent sur le sol, se disputant la précieuse proie, aucun n’en voulant sans doute sacrifier la moitié pour son frère. Le premier exaspéré, empoigna le second par les cheveux ; celui-ci lui saisit l’oreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois. Le légitime propriétaire du gâteau essaya d’enfoncer ses petites griffes dans les yeux de l’usurpateur ; à son tour celui-ci appliqua toutes ses forces à étrangler son adversaire d’une main, pendant que de l’autre il tâchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais ravivé par le désespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre d’un coup de tête dans l’estomac. A quoi bon décrire une lutte hideuse qui dura en vérité plus longtemps que leurs forces enfantines ne semblaient le promettre ? Le gâteau voyageait de main en main et changeait de poche à chaque instant : mais hélas il changeait aussi  de volume ; et lorsque enfin, exténués, haletants, sanglants, ils s’arrêtèrent par impossibilité de continuer, il n’y avait plus, à vrai dire, aucun sujet de bataille ; le morceau de pain avait disparu, et il était éparpillé en miettes semblables aux grains de sable auxquels il était mêlé.

 

Ce spectacle m’avait embrumé le paysage, et la joie calme où s’ébaudissait mon âme avant d’avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu ; j’en restai assez triste longtemps, me répétant sans cesse « Il y a donc un pays superbe où le pain s’appelle du gâteau, friandise si rare qu’elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide ! »
 

 Mon interprétation

A l’instar des petits « sauvages » de Baudelaire, petite-fille, je prenais certains pains pour du gâteau !

Il s’agissait de pains de mie cuits « à la platine » ou « à la tôle » que ma mère achetait parfois à la camionnette du boulanger.
Moulés dans des formes rectangulaires, ils ressemblaient à des cakes, on pouvait en faire de belles tartines à la mie si douce

 

Gâteau-tartines

Baudelaire_Pain___la_t_le

 

 

 

Pour ce pain de mie, j’ai repris une recette de Gracianne du blog " Un dimanche à la campagne " 

Si le pétrissage de la pâte se fait en MAP, j’ai ressorti un vieux moule en fer, héritage familial pour la cuisson au four

425g de farine T65
2CàC de levure sèche de boulangerie
1CàC de sel
1CàS de sucre
15g de beurre mou
125ml de lait
120ml d’eau

Un œuf + 1 pour le glaçage

Mettre les ingrédients dans la MAP ( sauf le beurre) selon les instructions du fabricant
Lancer le programme « pâte seule »
Dès que le pâton commence à se détacher des parois de la cuve, introduire le beurre mou par petits morceaux

Attendre la fin du programme (1h1/2 de levée)

Renverser doucement la pâte sur un plan fariné
La diviser en trois boules de même poids, laisser reposer 5mn
Chemiser un grand moule à cake
Déposer les pâtons côte à côte dans le moule
Laisser lever 45mn sous un linge humidifié
Badigeonner délicatement d’œuf battu
Mettre au four à 180° de 25 à 30mn

 

La recette est aussi  à suivre ici sur FdV ( ce lien semble rompu)

Commentaires
T
de bien jolis mots pour un pain tout douillet
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G
Il est magnifique ce texte - merci de nous avoir deniche ca.<br /> Et merci aussi d'avoir ressorti ce pain de la huche, il y a bien longtemps que je n'en ai pas fait, et ta jolie photo me fait tres envie.<br /> Bises.
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C
Que de fureur dans ce texte mais une réalité encore aujourd'hui<br /> merci pour ce gâteau tartine<br /> j'ai bien envie de faire un ou une (je ne sais pas) cramique cette semaine<br /> bonne soirée
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T
Il est vraiment bien réussi et à l'air très moelleux!
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B
Ce pain gâteau est magnifique.<br /> Ma maman en faisait également avec des oeufs. Je vais essayer de retrouver cette recette.<br /> Merci de raviver d'aussi beaux souvenirs et bon dimanche. bisous
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